Le point médian et le pronom "iel" font grand bruit dans la sphère médiatique depuis leur entrée dans le dictionnaire en 2021. L'écriture inclusive cristallise de nombreuses tensions sociales et réveille la misogynie et transphobie de certaines personnes.
On crie au lobby trans et LGBT, ainsi qu'au massacre de la langue française.
Pourtant, l'écriture inclusive est loin de se résumer à un pronom neutre et des points médians qui handicaperaient encore plus les dyslexiques dans leur lecture.
D'ailleurs, tout le monde semble se préoccuper de ce handicap tout d'un coup, alors qu'avant on s'en fichait bien pas mal. C'était les mêmes personnes qui refusaient une quelconque réforme de l'ortographe il y a quelques années. On dirait que toute raison est bonne pour pouvoir faire preuve de sexisme décomplexé.
Elle permet tout d'abord de pallier à l'effacement des femmes de une langue française profondément sexiste.
En effet, nous devons la règle du "masculin l'emporte sur le féminin" à l'Académie Française, créée en 1635.
Auparavant, les adjectifs et pronoms s'accordaient en fonction du nombre ou de la proximité.
Par exemple, un groupe composé de 6 femmes et 3 hommes était désigné par : "elles". Également, la phrase : "mon frère et ma soeur sont absents" se disait "mon frère et ma soeur sont absentes", puisque "soeur" était le plus près de l'adjectif dans la phrase.
Au XVIème siècle, l'Académie Française décide de mettre en place des règles grammaticales pour unifier la langue. Entièrement composée d'hommes, l'Académie décide par la même occasion de masculiniser la langue. De la mettre à son image, et d'écarter les femmes de certaines fonctions de pouvoir pour se constituer un privilège masculin solide.
Les mots comme "autrice", "professeure", "écrivaine", "inventeure", "mairesse", "venderesse", ou encore "peintresse" disparaissent au profit d'une seule version : la version masculine.
Il n'était d'ailleurs initialement pas question de créer un "masculin neutre", mais bien d'écarter les femmes de certaines sphères sociales et professionnelles. L'intention était sexiste et misogyne.
Aujourd'hui, re-féminiser la langue est donc un enjeu féministe : d'égalité homme-femme. L'écriture inclusive permet de remettre les femmes dans la langue et l'espace public.
Mais l'écriture inclusive ne sert pas qu'à cela.
Elle permet également de combattre les stéréotypes de genre.
Le masculin n’est jamais neutre car il crée une image masculine dans la tête des gens, tout le temps.
En effet, le cerveau est un déducteur précoce : il se fait une idée sur l’identité du groupe dès le début d'une phrase, et ce grâce à quelques mots genrés.
La question "Citez 5 entrepreneurs inspirants" donne lieu à des réponses exclusivement masculines dans les sondages. Par contre, la question "Citez 5 entrepreneurs/entrepreneuses qui vous inspirent" permet d'obtenir des réponses bien plus diversifiées car elle ouvre une porte mentale, la réflexion, et le champ des possibles pour la personne à qui on la pose.
Le masculin neutre n'est pas neutre, il est masculin, et c'est tout.
Même certains métiers et fonctions semblant neutres comme"pompier", "pilote", ou encore "politique" présentent des stéréotypes masculins. Lorsque l'on les entend, on imagine en général un homme, ou un groupe masculin.
Cette idée invisibilise les femmes pratiquant ces métiers, on n'y pense pas lorsque l'on s'imagine un groupe de personnes pratiquant ce travail.
Il a été prouvé que cela a même une incidence sur la construction des enfants.
Les enfants et ados imaginent que les hommes auront plus de succès dans ces métiers automatiquement. C'est également valable pour les traits de caractères développés en grandissant. Tout cela est atténué lorsqu'une forme réellement neutre ou inclusive est utilisée.
Dans les pays où la langue est moins genrée et binaire, les inégalités hommes-femmes sont moins importantes.
L'écriture inclusive est donc une étape de plus vers un monde plus juste et égalitaire.
Elle permet de faire évoluer la langue vivante qui est la nôtre avec son temps et pour répondre aux besoins qui sont les nôtres.
Pour une entreprise, utiliser l'écriture inclusive permet de :
ouvrir la porte aux 50% de la population restante
atténuer les stéréotypes de genre et les inégalités entre les genres
représentation féminine et autre
toucher une nouvelle clientèle
toucher un nouveau public
se créer une image inclusive
favoriser la croissance de l’entreprise
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