J'ai découvert la marque de Cynthia pendant l'explosion du mouvement Black Lives Matter il y a quelques mois, aux alentours du dé-confinement.
Ce sont les messages inscrits sur ses sweats et ses t-shirts, empreints de pouvoir et de fierté qui m'ont immédiatement attirée.
Nouvelle Allure, c'est aider la femme, et la femme noire en particulier à prendre conscience de sa beauté et à trouver confiance en elle. Mais pas que, il y a aussi une collection pour les Hommes et pour les Enfants.
Le design des pièces est hyper minimaliste, et Cynthia prête une attention particulière à l'aspect éco-responsable des tissus et au côté solidaire de sa marque.
C'est donc tout naturellement que je lui ai proposé de participer aux 9 questions. J'étais ravie qu'elle accepte avec enthousiasme.
photo réalisée par la photographe Lauren LK (instagram) Quel est le concept de ta marque et depuis combien de temps existe-t-elle ?
L'histoire de Nouvelle Allure tourne autour du vêtement à messages positif et engageant. La marque pensée en 2016, a été lancée en 2017 après mon voyage au Bénin. Un voyage qui a confirmé la nécessité de créer quelque chose qui ait du sens ; une marque sensible à l'humain, ses émotions et ses valeurs. J’avais à cœur de donner vie à une marque qui transmettrait des émotions positives tout en lui maintenant un volet solidaire. Chaque message est un appel à la positivité, à l’acceptation et à l’affirmation de soi. Ce sont de véritables hymnes à l'origine et à la confiance en soi.
Que faisais-tu dans la vie avant de te lancer ? Quel a été ton parcours ?
J’étais consultante en communication stratégique et webmastering dans une structure spécialisée en recherche de financements publics pour la transformation des entreprises. Aujourd’hui, je suis toujours dans la communication et le webmastering (sous salariat) mais dans le secteur de l’éducation nationale et de la formation professionnelle.
J’ai travaillé également dans des domaines tels que l’évènementiel d’entreprise, la vente et les ressources humaines après un Master 2 en communication et développement commercial de l’entreprise (promotion 2012), un DEES Web Master et une licence en traduction spécialisée…
As-tu eu une prise de conscience qui t’a poussé à te lancer dans la mode engagée ?
Il y a toujours eu de mon côté une volonté de faire quelque chose d’engagé. Pas forcément dans la mode. Evoluer dans un monde engagé est une volonté enfouie que les circonstances de la vie ont laissé s’exprimer en temps et en heure. Mon voyage au Bénin a été l’un des éléments « déclencheur ».
La marque semble très engagée sur la valorisation de la culture afro-caribéenne. Pourquoi ? A qui sont destinés tes vêtements ?
La culture afro-caribéenne est ma culture de naissance, ma culture mère, j’y suis très attachée. Je suis donc ravie que cet attachement soit perçu. Il est toujours riche d’apporter un peu de sa culture dans ce que l’on entreprend et partage avec les autres. C’est rassembleur. Quoiqu’il en soit, Nouvelle Allure s’adresse aux Femmes en général, aux Femmes noires en particulier. A toutes les personnes assumées qui s’expriment et s’affirment. Des personnes actives qui ont aussi des familles, ce qui donne à la marque sa dimension familiale.
J’ai vu que de nombreuses pièces sont faites en coton bio, plus éco-responsable. De quel pays vient-il et où sont fabriqués les vêtements ? As-tu des projets en tête pour travailler sur les matières utilisées (bio, upcyclée, locale, naturelle, autre) ?
En effet, la majorité de nos pièces sont en coton bio et coton avec les certifications GOTS (Global Organic Textile Standard) et FAIRTRADE (un label étiquettant les marchandises issus du commerce équitable et dont la production répond à des critères sociaux, écologique et économiques). La problématique environnementale nous concerne tous et toutes. La marque est dans une démarche de réduction de son impact sur l’environnement. Et cela intervient à chaque process. J’ai par exemple supprimé l’utilisation du plastique dans plusieurs étapes de traitement et packing colis ; et des alternatives concluantes arrivent bientôt afin de le retirer du procès complet. Certains de nos sacs d’expédition sont déjà biodégradables par exemple. Les futurs projets de développement de la marque sauront eux aussi répondre à cet engagement vis-à-vis de la planète.
Je travaille avec un intermédiaire en France mais mes fournisseurs sont en Europe et en Afrique. La traçabilité des produits m’est garantie.
Quant au projet concernant l’utilisation des matières, du sourcing est continuellement fait en ce sens afin de proposer des alternatives au client. Ce travail même s’il est long et ardu finira par donner entière satisfaction.
Que penses-tu de la mode dans le système actuel ? Comment la changer : par une révolution ou petit à petit ?
Cette question est vaste et relève d’un avis nuancé. Plusieurs entreprises font de leur mieux en investissant dans des projets responsables. Je pense que les choses se font déjà petit à petit. Certaines marques se créent avec ces engagements inclus dans leur histoire et par ricochets dans leur stratégie. D’autres s’adaptent en prenant le train en marche. Toujours est-il que des choses se font mais il faut que les autres suivent. Par les autres, j’entends les producteurs, prestataires, fournisseurs… toutes les parties prenantes liées à l’activité d’une marque en général. Et cela relève d’une prise de conscience personnelle avant d’être un management de l’humain.
Comment choisis-tu les associations auxquelles Nouvelle Allure reverse de l’argent ? Quelles sont tes causes de prédilection ?
Elles sont choisies sur leur sérieux, leur historique et les actions concrètes déjà réalisées. Je vais être naturellement plus sensible aux causes touchant les enfants et les femmes.
Penses-tu qu’il soit possible de qualifier d’« éthique » une marque de mode qui utiliserait de la laine, du cuir, de la soie … (non-végane quoi) ? Ou encore une marque engagée sur le plan Humain mais pas sur l’environnement par exemple?
Je pense qu’il faut prendre les choses dans le bon sens. Ces termes sont liés d’une manière ou d’une autre. C’est difficile d’imaginer une marque qui soit éthique et non-végane ou une marque engagée et non-éthique. A priori, dès l’instant où une marque a l’un des « statuts » cités, le deuxième statut n’est pas loin même s’il n’est pas « développé » à 100%. Je pense que cela se complète. Une marque éthique ne prendra pas plaisir à user de matières non éthiques. Quoiqu’il en soit, le plus important c’est d’être conscient des choix qu’on fait, des actes qu’on pose et de leurs impacts et retombées. Tout part de là.
Pour terminer, quelle autre marque ou créateur/trice de mode éthique adores-tu ?
Il y en a plusieurs mais là tout de suite je citerais Sarah DIOUF et sa marque TONGORO de par son histoire et son positionnement. C’est magnifique, futuriste et éthique. Le sourcing de matériaux sur le continent africain, le travail avec des artisans locaux… je dis oui à autant d’éléments qui contribuent fortement au développement économique et social des travailleurs en Afrique de l’Ouest.
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