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9 questions avec Linda de Kind Studio

Cette semaine, nous sommes avec Linda, fondatrice et créatrice de la marque de vêtements Kind Studio.


Sur le manifeste de la marque, on lit que Kind Studio est une affaire de passions : passion de la mode, des femmes, de l'audace, des belles matières textiles... Et on s'y retrouve ! Car lorsque je suis tombée sur les photos de la marque sur Instagram j'en suis tombée amoureuse. Des coupes contemporaines mais avec un charme vintage, je voue maintenant une passion pour le style minimaliste et romantique qui émane de la collection de Linda.


Kind Studio c'est, en plus d'une esthétique reconnaissable, un réel engagement environnemental et social. Tout ce qu'on aime !


1. Quel est le concept de ta marque et depuis combien de temps existe-t-elle?

KIND STUDIO est une marque de prêt-à-porter pour femmes, avec des engagements sociaux et environnementaux concrets. De la mode mais avec du sens ! La marque a été lancée le 29 février dernier avec la première collection pour le printemps-été 2020.


2. Que faisais-tu dans la vie avant de te lancer ? Quel a été ton parcours ?

J'ai une formation de styliste, suivie de plusieurs emplois dans le domaine de la mode. Puis j'ai eu la chance d'avoir une expérience de travail en Inde pendant plus d'un an (à mi-temps, en passant beaucoup de temps sur place) afin de monter une formation de couture avec une fondation.


3. As-tu eu une prise de conscience qui t’a poussé à te lancer dans la mode éthique ?

Oui et non. J'ai toujours su que je voulais avoir mon propre projet et que celui-ci devait me ressembler et transmettre des valeurs qui me sont chères. Mais je ne savais pas comment lier cela à la "mode" et à la création de vêtements. C'est quand j'ai moi-même pris conscience des dégâts de l'industrie de la mode il y a quelques années que cela m'a semblé évident qu'une nouvelle marque sur le marché se devait d'être éthique. Et quand j'ai cherché à m'habiller comme je l'aimais mais de manière responsable, je n'ai trouvé que très peu de marques qui me correspondaient. 


4. Kind Studio a une vocation sociale en aidant des jeunes filles en Inde. Peux-tu nous en dire plus ?Pourquoi avoir choisi l’Inde (pour des raisons pratiques de production ou autre) ?

L'Inde a été un coup de foudre quand j'y ai voyagé pour la première fois. Puis je me suis rendue compte en y travaillant de l'impact réel qu'il était possible d'avoir, même à petit échelle, avec des projets sociaux. L'idée de commerce équitable et de social business me parlent beaucoup car c'est un modèle où tout le monde est gagnant. Je suis sensible à la conditions des femmes de par le monde et je crois très fort au "women empowerment". Quand je suis tombée sur la Fondation Chaiim et que j'ai découvert le travail d'accompagnement et de réinsertion qu'ils faisaient avec des femmes issues du trafic d'être humain à Mumbai, j'ai su que je voulais travailler avec eux pour produire les vêtements de la marque.


Et puis l'Inde est un pays qui a une culture du textile extrêmement riche - tissage, broderie, teinture, bloc print. Collaborer avec des artisans et valoriser leur savoir-faire a pour moi une importance primordiale au sein de KIND STUDIO et dans l'idée de la Slowfashion. 


Cela dit, je tenais aussi absolument à produire une partie des pièces en France. Dans chaque collection, il y a plusieurs modèles qui sont réalisés à Paris même, dans un atelier choisi aussi pour son approche sociale et solidaire. 

5. Quelle est ta pièce préférée de toutes les collections de la marque ?

Toujours difficile de choisir, heureusement qu'il n'y a qu'une collection pour le moment ! Je dirais le pantalon JACKIE, qui existe en coloris rouille ou en rayé vert/écru. Sa forme large et taille haute met en valeur tout en étant confortable; il est fort tout en allant avec beaucoup de choses donc je l'adore. Il sera décliné au fil des collections dans différentes matières et coloris.


6. Que penses-tu de la mode dans le système actuel ? Comment la changer : par une révolution ou petit à petit ?

Une révolution pourrait malheureusement avoir des impacts trop violents pour la plupart des personnes qui dépendent du système actuel - je pense notamment à toutes les petites mains allant de l'agriculture, à la production des matières, jusqu'aux vêtements finis et à leur vente. Une décroissance est sûrement impérative mais elle doit aussi être réfléchie pour ne pas créer de chaos. Beaucoup de changements ont déjà été initiés et ils font maintenant leur chemin, petit à petit justement. Plus les consommateurs seront attentifs à leur choix, plus les marques seront forcées de suivre, entrainant de meilleures pratiques tout au long de la chaîne. Mais cela semble utopique sans l'engagement des gouvernements au niveau de l'écologie et des conditions de travail. 




7. Kind Studio revalorise des tissus issus de surplus de production d’autres maisons de mode dans une démarche zéro-déchet, y-a-t ’il également d’autres matières textiles ? Comment sont-elles choisies et d’où viennent-elles ?

Oui, il y a d'autres matières qui sont toutes choisies pour leur faible impact écologique.

- Le tissage à la main par exemple, un savoir-faire traditionnel toujours très présent en Inde. Non seulement le processus de fabrication est neutre en terme d’émission de CO2, mais l'atelier avec lequel je travaille utilise des fibres recyclées pour la confection des tissus. Utiliser ces textiles permet également de valoriser et préserver ce savoir-faire tout en soutenant les communautés et artisans qui en dépendent.

- Le coton bio, car son impact écologique est bien moindre par rapport au coton conventionnel. Le coton est une matière naturelle incontournable pour des vêtements confortables, respirants et qui durent longtemps.

- Et puis il y a aussi les nouvelles fibres "eco-friendly" et naturelles comme le Tencel et le Modal, produites à partir de pulpe de bois et transformées de manière propre.

Le coton bio ainsi que le Tencel que j'utilise proviennent de fournisseurs certifiés GOTS (Global Organic Textile Standard). En gardant en tête que les tissus doivent parcourir le moins de distance possible, je me fournis donc principalement en Inde.


Et puis j'ai hâte de découvrir d'autres matières et possibilités textiles pour les prochaines collections - comme le lin, les teintures naturelles et l'art du bloc print par exemple.


8. Penses-tu qu’il soit possible de qualifier d’« éthique » une marque de mode qui utiliserait de la laine, du cuir, de la soie ... (non-végane quoi)?

Je pense que tout dépend la manière dont cela est fait.

Je sais que pour la laine par exemple, il y a des labels certifiants le respect du bien-être animal, et que les moutons doivent être tondus pour bien vivre. Je ne verrais donc pas d'inconvénient à en utiliser, sachant aussi que c'est une fibre durable et résistante qui a de très nombreux avantages. J'en utilise déjà venant de surplus de production. Il y a aussi des filières de recyclage qui voient le jour pour cette matière, ce qui est un compromis intéressant.


J'ai fait des recherches sur la soie dite "non-violente", aussi appellée Peace Silk (les cocons sont récupérés seulement une fois que les papillons en sont sortis, ainsi les vers n'ont pas besoin d'être ébouillantés lors du processus), mais c'est un produit de luxe - donc cher - et son aspect est très différent de la soie à laquelle on est habitué. J'utilise donc seulement de la soie upcyclée et issue de surplus, en petite quantité.


Quant au cuir je n'en utilise pas personnellement dans mes collections car ce n'est pas justifié - et surtout difficilement défendable d'un point de vue éthique.


9. Pour terminer, tu as décidé de fabriquer dans des quantités limitées pour éviter les stocks et le gaspillage. Un modèle épuisé est-il donc épuisé à jamais pour laisser place à d’autres création ou as-tu déjà décidé de relancer une production sur un modèle ?

Les modèles "upcycling" sont en série limitée et la quantité dépend du métrage de la matière trouvée. Une fois le rouleau terminé, impossible d'en refaire. Pour les autres matières (tissu eco-friendly et tissage à la main), je commande une quantité fixe qui part en production et cela demande du temps, il est donc compliqué de faire du réassort sur une saison en terme de timing.


Mais je compte bien garder une base de modèles intemporels qui seront déclinés chaque saison dans des tissus différents, comme les pantalons par exemple. Et si un modèle est très demandé, il n'est pas exclu qu'il ressorte dans une future collection.

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