On aurait pu être amies.
C’est ce que je me suis dit.
Je repensais à cette époque aujourd’hui.
Celle où nous étions toutes les deux coincées dans des relations toxiques, sans savoir en reconnaître les signes.
Celle où tout le monde nous traitait de putes et de filles faciles, où les meufs nous excluaient par jalousie, et les mecs se croyaient tout permis.
Celle où l’on souriait malgré tout, et on faisait bonne figure.
Nos parents n’en savaient rien, et nos mères étaient même les premières à critiquer nos jupes un peu trop courtes.
Je me souviens du moment où tu m’as confié que la tienne était alcoolique.
De quand tu es venue me rapporter que mon mec t’avait draguée.
Que je t’en avais remerciée avant d’aller le charger.
Après réflexion, c’était un instant de vraie sororité.
Je me souviens des larmes, de l’alcool pour noyer le chagrin et la solitude, et de la difficulté à s’exprimer, à partager.
Aujourd’hui j’ai repensé à toi.
On aurait pu être amies.
J’ai voulu t’envoyer un message.
Puis ça m’est revenu : tu n’es plus là.
On aurait pu.
Mais c’est trop tard.
