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Bonjour Nuage, tu ne déprimes pas parce que c'est l'hiver

N° 11. Hiver, capitalisme et rythme forcé

 

☁️ Bonjour Nuage,

Nous sommes nombreuxes à déprimer, voire vivre un retour de la dépression en force lorsque les jours se raccourcissent, la température se refroidit et les fêtes de fin d’année se profilent. Bref, quand l’hiver pointe le bout de son nez.

Je pense que le contexte social actuel n’aide en rien, mais je me demande aussi si ce n’est pas tant la saison qui cause la dépression mais plutôt le capitalisme.

Alors que notre corps se prépare naturellement à ralentir pour se préserver et suivre le rythme de la nature, la société capitaliste nous force à aller à l’encontre de tout cela et à être extrêmement productifve.

C’est la période la plus agitée en termes de ventes, en termes de business, en termes de gestion de budget, d’organisation des fêtes, de réflexions sur soi pour créer une version de nous-mêmes encore meilleure que celle de l’année qui s’est écoulée, et bien d’autres choses. Alors qu’en vrai, on serait bien à se peletonner sous une couette avec une boisson chaude et hiberner un peu comme des ours.

Le capitalisme perturbe notre rythme naturel déjà bien secoué par le monde et la société que nous avons créé.


Le savais-tu ?

Notre corps et cerveau ont en réalité très peu évolué au cours des derniers siècles. Pourtant, notre monde, lui, a vécu des bouleversements et et changements très importants.

Rien qu’avec la technologie par exemple. Nous ne sommes pas (encore ?) faits pour pouvoir accueillir l’avis du monde entier via les réseaux sociaux lorsque l’on partage. C’est trop d’informations à assimiler correctement.

Bon, je te dis tout ça mais je ne vais pas pour autant partir vivre dans une cabane isolée de tout et de tout le monde. Je ne sais pas si c’est hypocrite de ma part. Je ne crois pas : je me rends juste compte de certaines choses avec toi et j’en parle. Il faut avouer que c’est un sujet très intéressant…


Bref, pour en revenir aux saisons,

automne-hiver = hibernation ou migration


La nature ralentit, avec les animaux et les plantes. Bref, avec tous les êtres vivants. Sauf nous.

Car dans notre système capitaliste, on ne change rien : on travaille toujours autant voire plus car les fêtes de fin d’année sont propices aux ventes. On se force aussi plus que d’habitude car on a l’impression de se battre contre notre corps et cerveau qui veulent ralentir.

Tout le monde se synchronise avec la nature sauf nous. Nous sommes forcé-es à travailler, à adhérer à des cadres stricts et rigides, à un rythme d’action rapide, etc.

Le pire c’est que ça en devient un business en plus, cette “déprime saisonnière” ! Car bien sûr, au lieu d’aller au fond du problème pour le régler, comme d’habitude on préfère ne rien changer et exploiter la chose dans une logique bien capitaliste, productiviste et peu bienveillante.

Au lieu de penser que c’est le système qui est inadapté (enfin, on nous le cache aussi car il bénéficie les puissants à son sommet), on cherche à se “réparer”.

On est amené-es à penser que ce n’est pas le système le problème, mais nous.


Alors, pour aller mieux, on achète des trucs - souvent extrêmement chers en plus - : des cures de vitamines, des lampes en cristaux, des réveil-matins simulant un lever de soleil, des sessions de self-care, des routines strictes de sport et d’alimentation, et plein d’autres choses.

Tout cela devient une énorme opportunité marketing fabriquée avec la complicité et l’intérêt de l’industrie pharmaceutique, des entreprises de self-care et de spiritualité au sens large, et de certain-es médecins et psys bien entendu.

Tiens, en développant cette idée, j’en viens à penser au roman d’Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, dans lequel les humain-es ont recours à des pilules de bonheur pour oublier leur vie contrôlée par le système gouvernemental, le capitalisme, l’eugénisme etc.

Ressemblance intéressante avec notre engouement pour les drogues (légales et illégales), mais aussi les pilules de dopamine que l’on veut nous refourguer en ce moment. En effet, en ce moment on ne compte plus les études mettant en corrélation les “déficits de dopamine” et la dépression, les TDAH, et autres “troubles”. Leur discours est le suivant : remonter les jauges de dopamine chez certaines personnes “en déficit” pourrait les aider à surmonter leur tristesse, leur manque d’attention et donc permettrait de les réhabiliter à la société en les rendant productifs.

Encore une fois, on “répare” les personnes plutôt que de “réparer” le système.

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