N°18. Mini-mondes, internet et essais vidéos
Le 23 Janvier 2023
☁️ Bonjour Nuage,
On était dans la chambre lorsque je me suis fait la réflexion.
La chambre à coucher est réellement un petit cocon dans l’appartement. Il y a des lumières de fées, un projecteur de coucher de soleil coloré, des plantes qui tombent des murs, des peluches, des doudous et plein de textures toutes douces. C’est un vrai monde dans lequel j’ai l’impression, une fois que la porte est fermée, que le temps s’arrête.
Et je me suis donc dit qu’en fait, les humains s’évertuent à créer des micro-mondes à l’intérieur-même d’un monde plus global.
L’univers regorge en réalité d’autres univers de toutes tailles et à toutes les échelles.
On a une planète, avec son propre équilibre.
Puis, il y a les mini-univers physiques : les maisons, les chambres, les appartements, les toilettes dans lesquels on se cache lorsqu’on commence à dissocier ou à approcher le meltdown lors de soirées animées.
Les mini-univers immatériels aussi : les univers fantastiques issus de sagas littéraires, films et séries) et les mondes intérieurs lorsque la dissociation fait partie de notre quotidien depuis l’enfance.
Et puis il ya tous ceux sur internet : à mi-chemin entre l’univers physique et mental, ce sont des univers digitaux. Les espaces que l’on y crée sont des microcosmes, dans lesquels on retrouve des personnes qui ont un corps tangible, mais que l’on ne voit pas. Que l’on ne verra peut-être jamais d’ailleurs, et pourtant, parfois, on connaît mieux leur intériorité et leur quotidien que celleux avec qui iels vivent tous les jours.
Pour ces espaces hybrides, je me demande quoi penser.
J’avais entendu quelqu’un dire une fois qu’ielle aimait lorsque ses relations virtuelles devenaient “réelles”. Que sinon c’était dommage. Qu’il fallait se voir dans la “vraie vie”.
Moi je ne sais pas… Dans ces propos j’ai l’impression que les relations internet sont perçues comme “moins bien”, dénigrées voire même diabolisées parfois. Je me demande si il ya des rencontres d’ami-es virtuel-les qui se sont mal passées en physique. Comme si un charme s’était rompu lors de la rencontre.
Ou peut-être que cela vient d’un sentiment d’insécurité de ma part. Peut-être que j’ai peur qu’en physique la personne se rende compte que je suis incapable de la regarder dans les yeux plus de 10 secondes, qu’il y aura des blancs que je ne comblerais pas naturellement, que je stimmerais ou autre. Ou peut-être que j’ai surtout peur de ne pas pouvoir m’empêcher de masquer mes neuro-atypies et mes “bizarreries” en face à face. Je pense que c’est surtout ça en fait. Ce serait un réflexe de masquer - ne serait-ce qu’un peu -, et ça ruinerait notre relation et nos échanges à mes yeux.
On dirait que j’ai encore du travail à faire lorsqu’il s’agit de déconstruire mon propre validisme et psychophobie intériorisée du coup. Surtout lorsqu’il est tourné vers moi. Parce qu’en soit, je suis sûr-e que je ne jugerais pas la personne en face ainsi.
Haaaa être bienveillant-e envers soi-même, c’est plus dur qu’on ne le pense non ?
Bref, pour revenir aux mini-mondes qui se créent dans le monde global, ça me fascine énormément.
J’ai l’impression que c’est un moyen - conscient ou inconscient -, pour s’éloigner de plus en plus du monde “réel”.
Et je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, ça sauve littéralement des vies d’avoir un toit sur la tête, ou un monde intérieur partagé entre alters lorsque tu as été traumatisé-e enfant, des univers fantastiques livresques, etc. Mais je me dis que la nécessité d’avoir des échappatoires mentales et non plus forcément que physique, partout, pour tout le monde, pour échapper au monde “normal” est peut-être le signe que le monde dans lequel on vit, notre société, est invivable et insupportable non ? Qu’elle nous traumatise tout le temps.
Le cinéma, les séries, les livres, l’alcool, TikTok, internet en général, et tous les autres.
Peut-être que je projette ma propre expérience avec la dissociation et les shutdowns autistiques dans cette réflexion. Mais ça me paraît logique malgré tout.
Les mini-mondes servent à se protéger de celui qui nous environne non ? Qu’importe la forme qu’ils prennent.
Food for tought…
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