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le 49.3 n’est pas le premier déni de démocratie

Titra alternatif : Le pouvoir n'est pas au peuple, il est au Président de la République


Le 16 mars 2023, Elisabeth Borne, bras-droit du Président Emmanuel Macron, actionne le 49.3 pour faire passer en force la réforme des retraites à l’Assemblée Nationale.

Inutile de vous décrire ce qui s’en est suivi. Je pense que vous le savez.

Si cela vous intéresse, j’ai néanmoins compilé plusieurs TikToks et vidéos évocatrices dans un dossier sobrement intitulé “49.3” sur TikTok. Vous le trouverez ici. Je crois que mon préféré est : “on prend la Bastille, on fait la Révolution !”.

Parmi les critiques émises, beaucoup ont parlé d’un “déni de démocratie” de la part de Macron et de son gouvernement.

En effet, forcer le passage d’une réforme en empêchant le vote, surtout lorsque 93% des actifves Français-es sont contre, et que l’on est pas majoritaire à l’Assemblée, c’est simplement une façon d’éviter qu’on l’on vous dise non. C’est une façon de faire ce que l’on veut malgré la volonté du peuple, alors même que l’on est censé travailler pour lui. Que l’on est censé être à son service.

C’est cela la démocratie.

La démocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple, par l’ensemble des citoyens. L’Etat doit également permettre l’exercice de la liberté à ses citoyens.

D’après Wikipédia, l’encyclopédie libre la plus connue des internets, la démocratie peut être directe, représentative, indirecte, ... Mais on ne va pas refaire les cours d’éducation civique du collège.

On peut également y lire que : “le dénominateur commun des démocraties est l’existence d’institutions et de lois qui visent à protéger la population des dérives tyranniques ou dictatoriales que peut exercer une personne ou un groupe quelconque, y compris la majorité. Toute démocratie doit disposer de lois permettant aux citoyens de changer de gouvernement ou de projets politiques légalement, c’est-à-dire sans avoir besoin de recourir à la violence et en respectant les procédures définies par les lois”.

Même Wikipédia le sait. Visiblement, pas Macron et son 49.3.

La possibilité de passer une loi en force grâce au 49.3 a été inclus à la constitution par De Gaulle. Pas l’exemple le plus brillant de démocratie donc.

Même OSS117 le sait.

Et comment vous appelez un pays qui a comme président un militaire avec les pleins pouvoirs, une police secrète, une seule chaîne de télévision et dont toute l'information est contrôlée par l'État ? Oss 117 : J'appelle ça la France, mademoiselle. Et pas n'importe laquelle ; la France du général de Gaulle.”- OSS 117 : Rio ne répond plus

La constitution de 1958, qui est encore aux fondements de la nôtre aujourd’hui, était clairement par de Gaulle, pour de Gaulle.

Elle a été rédigée en pleine guerre d’Algérie, et se différentie de celle de la Quatrième République en cela qu’elle renforce le rôle du pouvoir exécutif. En 1958, la France est passée d’un régime parlementaire à un régime dit “semi-présidentiel” où le Président, peut, s’il le souhaite, avoir les plein-pouvoirs.

On l’a bien vu durant le COVID. Saïd Mahrane écrivait à ce propos dans Le Point en Novembre 2020 :

“S'il n'est pas strictement autoritaire, l'exercice du pouvoir paraît de plus en plus solitaire. Le Covid a permis au président d'expérimenter la décision politique telle qu'il voudrait qu'elle soit. Quand il décide une « ouverture » ou une « fermeture », le lendemain, les magasins ouvrent ou les bars ferment. L'effet est quasi immédiat. Il prolonge les confinements comme les dieux de la mythologie pouvaient étirer les saisons et provoquer les foudres. L'intendance suit, au pas. En dehors de ce sacro-saint conseil de défense, le débat n'existe plus.”.

Loin de moi ici l’idée de remettre en cause le confinement, la vaccination ou tout autre chose liée à la période COVID dans cet article, mais simplement de pointer du doigt les débuts du plein-pouvoir macroniste.

Qui d’autre en Europe bénéficie d’un régime semi-présidentiel ?Personne à part Poutine.

Toujours sur Wikipédia, il est aussi spécifié que la démocratie peut aussi être définie par opposition.

Une démocratie ne doit pas être :

  • un système monarchique, où le pouvoir est détenu par un seul

  • un système oligarchique, où le pouvoir est détenu par un groupe restreint d'individus

  • un système de dictature ou de tyrannie

  • un système aristocratique, où le pouvoir est détenu par ceux considérés comme « les meilleurs » (que ce soit une aristocratie héréditaire ou choisie)

  • un système ploutocratique, où le pouvoir est détenu par les plus riches

Intéressant non ?Parce que dans cette liste, il y en a déjà trois qui paraissent familiers.

Lorsque l’on remarque que les membres du gouvernement actuel, des sénateurs, des patrons du CAC40, ou encore certain-es parlementaires, sont issu-es des mêmes écoles et milieux sociaux privilégiés, partagent des actions en Bourse, et se font des cadeaux, on est en droit de se demander si le pouvoir n’est pas en réalité détenu par une “élite”.

On est en droit de se demander si celle-ci agit bien en faveur du peuple français dans son ensemble, ou en faveur de su microcosme aisé auquel elle appartient.

On se demande si les mots “démocratie” et “république” ne seraient en réalité pas un simple vernis permettant de camoufler un système en réalité ploutocratique, oligarchique, voire même aristocratique (au sens des “meilleurs” comme expliqué plus haut, et non de quelconque titre de noblesse).

Réformer le système de retraite, sans s’attaquer à celui de certains régimes spéciaux comme celui du Sénat, ou des parachutes dorés des grands patrons, c’est préserver les riches au détriment du reste du peuple.

C’est aussi faire des petites économies en sacrifiant les classes moyennes et populaires, et les faire passer pour nécessaires et salvatrices, alors qu’il suffirait de légèrement augmenter les taxes des 0,1% les plus riches pour un bénéfice financier supérieur.

Ironique que le slogan du parti présidentiel ait été “Ensemble” et que l’on puisse maintenant lire sur la page d’accueil du site : “le parti d’Emmanuel Macron”.

Le Président est la démocratie doivent oeuvrer dans l’intérêt général. C’est écrit noir sur blanc sur le site du gouvernement.

Oser parler de “préparer l’avenir” grâce à une réforme des retraites, tout en continuant de financer des projets écocides, en supprimant l’ISF, en privant des personnes marginalisées de leurs aides, et en freinant la redistribution de la richesse, c’est vraiment le culot à l’état pur.

Tout comme tenter de graisser la patte aux député-es en leur promettant de débloquer de l’argent public en échange d’un vote favorable. Alors même que l’on parle de “régime défaillant” lors de ses visites sur le continent Africain. Le culot.

Une démocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple, par l’ensemble des citoyens.

Lors des élections présidentielles de 2022, l’abstention fut de 28,01%, un record depuis les élections post-Mai 68 - où l’abstention avait été de 31,1% -. C’est plus que le score de Macron au 1er tour des Présidentielles 2022.

Cette abstention témoigne d’un manque d’intérêt, d’un manque d’engagement du peuple français. Et ce manque est le résultat de l’incapacité des représentant-es politiques à porter un projet dans lequel les Françaises et Français se retrouvent. Il est le résultat des désillusions et déceptions que le peuple a du essuyer ces dernières années. Il est le résultat de son abattement. De son épuisement.

Macron n’a été élu que par dépit, pour faire barrage aux idées d’extrême-droite, au racisme et à l’islamophobie du Rassemblement National (anciennement Front National).

93% des actifs et actives de France sont opposé-es à la réforme des retraites.Et pourtant, elle passe.En marchant sur le vote de l’Assemblée Nationale.

Dans ces conditions, il n’est pas la voix des Français-es, et le pouvoir qu’il exerce n’est pas celui du peuple.

Une démocratie doit également permettre l’exercice de la liberté à ses citoyens.

Lorsque l’on doit demander l’autorisation aux autorités pour pouvoir manifester en toute légalité, alors même que le droit international rappelle que le droit de manifester ne devrait pas être soumis à autorisation préalable car cela a un effet dissuasif trop fort et limite donc l’exercice de cette liberté fondamentale, on peut se demander ce qu’il en est réellement de notre liberté.
Lorsqu’un groupe de jeunes fumant une clope en bas de leur immeuble a le malheur de voir débouler sur eux des policiers armés de matraques, visiblement notre liberté elle-aussi est en danger.
Lorsque les Français-es racisé-es ont peur d’aller manifester contre la réforme par peur de se faire tuer, et que tout rassemblement pacifique est violemment réprimé, on peut s’inquiéter quant à notre liberté.


On aurait du s’y attendre ?

Élire un banquier qui hurlait à tout va “startup-nation” à la tête de l’État était une mauvaise idée. Sa jeunesse en a séduit certain-es. Pourtant, les “jeunes cadres dynamiques” sont tout aussi pourris que les vieux patriarches aisés.

Ils n’hésitent pas à marcher sur les autres pour s’élever, et ce car ils ont parfaitement assimilé la logique capitaliste. Ils défendent leurs intérêts de façon vicieuse et détournée. Leur égo, lui, est au niveau de leur condescendance.

Ils méprisent ceux qui n’ont pas réussi comme eux, et considèrent donc leurs avis comme inférieurs, insignifiants. Ils estiment que tout le monde peut s’élever comme ils l’ont fait, et oublient au passage de prendre en compte leurs propres origines privilégiées.On se souvient de sa déclaration “il y a ceux qui réussissent, et ceux qui ne sont rien”.

Dans un pays où les femmes, plus diplômées que les hommes, perçoivent malgré tout des salaires moins élevés, sont souvent elles qui sont à la tête de familles mono-parentales et détentrices d’emplois précaires.
Dans un pays où les personnes ayant accès aux études prestigieuses sont majoritairement issus des couches supérieures de la société et du clergé.
Dans un pays où l’on a pas accès aux statistiques raciales car on aime cacher des choses sous le tapis, mais où il n’y a qu’à regarder la démographie des banlieues parisiennes pour comprendre qu’être racisé-e et/ou enfant d’immigré, freine l’accès à l’éducation et à la richesse.

L’égalité des chances est un mythe français, et le pouvoir au peuple, une illusion perdue.

Ce régime injuste a vécu. Il est temps d’en créer un nouveau, qui respectera tous les membres du peuple qui compose l’État français.

Sources et liens pour creuser :

Blast le souffle de l’info, YouTube, 49.3 : Macron, seul, 18 Mars 2023

Bertoncini Yves, institut Jacques Delors, l’UE et les référendums : trois dénis de démocratie(s), Mai 2016

Wikipédia, Démocratie

Mahrane Saïd, Le Point, Emmanuel Macron et le risque des pleins pouvoirs, 24 Novembre 2020

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