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Bonjour Nuage, cherche le positif

N°28. Paris, féminisme et classisme


Le 3 Avril 2023

 

☁️ Bonjour Nuage,

Nous sommes vendredi quand je t’écris cette lettre.

Je ne sais pas trop comment je me sens à vrai dire.

J’avais envie de te faire une lettre tout en positivité. Puis là, je me retrouve devant la feuille sans trop savoir comment t’apporter cela sans me parjurer. Du positif...

Du coup, ce sera comme d’habitude. Transparent et honnête, mais avec de la douceur je l’espère.

En fait, je pars à Paris ce soir. Pour aller au festival du manga et encourager mon copain et son meilleur ami lors du marathon. Je t’avoue que je stresse un peu pour le festival, la convention, je ne sais pas trop comment l’appeler.

J’ai un peu peur de la foule, du bruit, de me perdre. J’ai hâte de voir plein de choses, mais en même temps j’angoisse à l’idée qu’on me trouve bizarre, d’avoir l’air perdu-e et de ne pas réussir à répondre correctement si une personne sympa me demande quelque chose, et aussi juste de faire un meltdown en plein milieu. J’espère que ça se passer bien malgré tout, et que je vais pouvoir en profiter. Peut-être que sur le moment, l’enthousiasme prendra le dessus (en quelque sorte) et que j’oublierais toute la pression pour courir de stand en stand. Qui sait.

Au-delà de cet événement, j’ai de l’enthousiasme pour… beaucoup de choses, en ce moment.

Déjà, as-tu vu ce qu’il s’est passé autour des deux influenceuses Polska et Tootatis ?

Si ce n’est pas le cas je te fais un petit brief vite fait :

en gros elles sont allées en manif et ont fait des stories ou des vidéos sur leurs réseaux. Sur le plateau du Quotidien, un chroniqueur a ensuite pris leurs vidéos pour faire sa chronique et se moquer d’elles, de leurs vêtements, de leur décolleté “trop” profond, et de leurs slogans “éculés”. Sauf qu’ensuite, ça a pris de l’ampleur. Elles ont répondu, et plein de gens se sont soulevés contre le Quotidien pour dénoncer leur misogynie et leur classisme.

En effet, iels disent que lorsqu’il s’agit d’être féministe pour et avec les bourgeoises y’a du monde, mais lorsqu’il s’agit d’être féministe pour et avec les influenceuses et les femmes plus populaire y’a plus personne, et que là on s’en donne à coeur joie pour se moquer d’elles, de leur intelligence ou de leurs maniérismes.

Et c’est trop bien !

Car yes ! Le féminisme intersectionnel prend de la place grâce à la montée en visibilité du classisme dans notre société. Maintenant, le féminisme englobe de plus en plus d’autres luttes sociales comme le classisme, le racisme et autres.

Bonne nouvelle je trouve.

Ensuite, j’ai eu une discussion avec une personne qui tire toutes ses informations des médias traditionnels, de la télévision et de la radio en particulier, et qui est macroniste.

Autant te dire que l’on a pas vraiment la même vision de la société.

Dans cette discussion, on a parlé de la réforme, des violences en manifestation et de système. Et, au fur et à mesure, chacun de ses arguments avait de moins en moins de force. Elle cherchait des portes de sortie en condamnant la violence des manifestant-es à laquelle les forces de l’ordre sont obligées de répliquer par exemple.Puis, par désespoir elle m’a sorti : “moi ce qui me pose problème c’est cette tendance à l’individualisme et au développement personnel en ce moment, il faut penser collectif et c’est pour ça qu’il faut travailler pour les autres”.

Peut-être que tu vois à quel point j’ai eu envie de rire quand j’ai entendu ça.

Car je pense foncièrement que c’est le capitalisme qui pousse à l’individualisme.

Il est en effet logique qu’un système dans lequel on nous incite à nous élever sur les autres pour réussir, à nous vendre en permanence et à évoluer dans un environnement hyper-concurrentiel, nous pousse à vouloir travailler sur nous. Cela nous rassure sur notre valeur en tant qu’humain-e. Et donc, ce n’est pas en poussant encore plus loin dans le capitalisme que cela se résoudra.

La personne pensait au début que mon analyse était un peu trop “perchée”, mais, en lui expliquant les bases du système économique et social, la conversation s’est conclue sur : “hm peut-être oui… Mais bon, cela n’excuse pas la violence dans les deux camps”.

Peut-être que cela ne te semble pas être, totalement, une victoire. Mais pour moi, ça l’est. Car elle m’a répondu cela juste pour éviter d’admettre qu’elle était en train de remettre en question son système de croyance. Et ça c’est cool.

C’est une graine qui va faire son chemin.

Est-ce que ça t’arrive d’avoir ce type de discussion avec des gens qui ne pensent pas du tout comme toi ? Ou tu les évites ? Ici, j’évite certaines discussions hostiles.

Ma petite astuce pour ne pas que certains échanges te drainent trop, c’est d’écouter d’abord la personne déballer ses trucs, et de creuser en lui demandant “pourquoi”, plusieurs fois. Puis, dès que t’as une bonne vision de sa pensée et de ses incohérences, tu plonges dedans. Voilà. Peut-être que tu le fais déjà, ou que tu as d’autres façons de faire. Dis-moi ?

Sinon, j’ai vu un post sur Instagram récemment qui invitait à noter les petites choses positives pour contrebalancer tout le négatif qui semble nous entourer dans les médias. Ça permet de rééquilibrer un peu, et de se sentir un peu mieux.

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