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Bonjour Nuage, sur-consommer pour compenser ?

N°30. Achats compulsifs, poésie et affirmation


Le 17 Avril 2023

 

☁️ Bonjour Nuage,

Tu sais que début 2023 j’ai fait un vision board et avais noté dans mon carnet : “arrêter d’acheter” ?

Ça peut paraître très large mais je savais très bien ce que je visais avec cette phrase expéditive : “arrêter de sur-consommer”.

Alors bien sûr, tout est une question de perspective et aux yeux de beaucoup je ne sur-consommais pas. Mais pour moi si. Car j’avais l’impression de m’être re-laissé “piéger”.

Non plus sur les vêtements - qui étaient mon souci principal il y a 6 ans -, non plus sur les restaurants et la nourriture depuis que je n’habite plus à Paris où la tentation des Uber Eats est grande, mais plus sur des petits objets. Des conneries comme dirait ma mère.

Stim toys, petites guirlandes de lumière, lampes à lave, et énormément de stickers et matériel de “bullet journalling”. Genre des stylos, des carnets, des surligneurs, des papiers pour faire du scrapbooking etc.

Et sans m’en rendre compte, les achats étaient redevenus pour moi un “coping mechanism”. Une façon de compenser pour ma santé mentale défaillante.

Comme pour la fast-fashion, le côté peu cher de ces petits objets me créait l’illusion que je ne dépensais pas tant que ça. Alors qu’en fait si. Car ça s’accumule.

C’est cocasse quand même de voir que même en étant hyper calé.e sur la (et ma) sur-consommation dans la mode, bah j’ai replongé dans les mêmes schémas avec d’autres types de produits. Et honnêtement, je ne sais pas si c’est très honnête de ma part de dire que c’était “sans m’en rendre compte”, c’était plutôt que je refusais de m’en rendre compte.

Je fermais les yeux.

Cette sur-consommation, comme pour les vêtements quelques années avant, elle ne m’a rien apporté. Elle ne comble pas un manque. Elle agrandit même le vide intérieur que l’on ressent.

Ça ne comble pas un réel besoin.

Cette envie d’acheter est complètement artificielle. On ne peut pas avoir besoin d’un gadget dont on ignorait encore l’existence il ya 2 minutes, avant de le voir sur internet.

Je suis assez enchanté.e de te dire que j’ai tenu cette résolution de début d’année.

Le gouffre intérieur qui ne cessait de s’agrandir malgré les achats, ce trou noir qui s’élargit au fur et à mesure qu’on le nourrit est en train de se rétrécir à nouveau. Ça fait du bien.

J’ai remarqué que la sur-consommation reprenait de façon générale. Ou peut-être ne s’était-elle jamais essoufflée ?

Peut-être que c’est ça.

Je sais pas… J’avais l’impression que l’on était beaucoup à avoir eu une prise de conscience écologique et capitaliste ces dernières années. Mais bon.

En tout cas, les réseaux sociaux, et en particulier TikTok, insufflent un nouvelle dynamique au système.

Entre les hauls Shein de 250$, les “j’ai testé pour vous” qui sont en réalité sponsorisés par la marque en question, les “unboxing” tous les jours sur certains comptes, les vidéos ASMR qui ont en réalité pour but de te vendre la machine à café, la vaisselle, ou le gloss qui te permettra de faire le même bruit avec tes lèvres. Et puis on a le dropshipping qui adopte un nouveau discours.

Avant, les influenceureuses disaient que c’était “le même produit, avec la même qualité, mais en moins cher” - pour vendre des faux Airpods par exemple ou des montres -. Maintenant, le discours est “j’ai fait cela moi-même, à la main, je suis un artiste indépendant, soutenez-moi”. Et puis on découvre 1 semaine après les mêmes “faux-ongles peints à la main sur commande” sur AliExpress.

Malin le lynx.

Dans les commentaires, beaucoup de personnes soutiennent ces initiatives en affirmant que c’est astucieux, qu’il faut trouver l’argent là où il est, que les gens n’ont pas qu’à être aussi crédules et que si iels achètent au prix fort c’est tant pis pour elleux et tant mieux pour la personne qui vend.

L’envie à vouloir exprimer son individualité en pousse beaucoup à sur-consommer. À acheter toujours plus d’objets pour se démarquer et montrer leur côté unique, ou original dans le cas des esthétiques et micro-tendances toujours plus nombreuses.

C’est un phénomène plutôt intéressant à analyser. Mais ça m’attriste un peu de constater que, malgré nos prises de conscience, l’histoire semble toujours se répéter.

Enfin.

Il y a tout de même des choses qui bougent. De plus en plus de voix s’élevant contre le système dans son ensemble.

Et je ne peux quand même m’empêcher de lier cette sur-consommation à la perte de repères, le besoin d’être vu.e, compris.e et entendu.e dans une société toujours plus étouffante.

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